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L’Italie se prépare pour la grève générale du 5 décembre

Vendredi 14 novembre dernier, des milliers de personnes ont manifesté dans 25 villes italiennes contre la simplification de la procédure de licenciement envisagée par le gouvernement de Matteo Renzi. Cette action s’inscrit dans la suite logique de la grande manifestation qui avait rassemblé 1 million de personnes à Rome le 25 octobre dernier. C’est la CGIL, le plus grand syndicat italien, qui avec d’autres, est à la tête de ce mouvement et organise la grève générale prévue le vendredi 5 décembre prochain.

Tony Busselen

 

Le 14 novembre, des manifestations de milliers de personnes ont eu lieu dans les villes d'Italie. Comme ici, à Milan. (Photo Newpress)

Il y a deux ans, le FMI mettait en garde par rapport à la politique d’austérité qui « risquait en Europe de devenir insoutenable sur le plan social et politique ». En Italie, cela fait longtemps que la fanfare libérale a touché le fond. En sept ans, l’économie italienne a chuté de 9 %. Le pays connaît un taux de chômage de 13 %, qui atteint même les 44 % chez les jeunes de moins de 25 ans. Et chez ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, les salaires sont extrêmement faibles (1 000 euros), ce qui réduit pratiquement à néant tout espoir de quitter le domicile parental.

C’est là le résultat d’une politique de droite menée durant de nombreuses années sous Berlusconi et son parti Forza Italia. Lorsqu’en février dernier, Matteo Renzi, considéré comme étant de gauche, devient Premier ministre, certains pensent que l’on va enfin rompre avec cette tendance. Malheureusement, c’est le contraire qui se produit : Renzi se transforme en une sorte de Bart De Wever italien, qui, en termes de mépris vis-à-vis des syndicats et des travailleurs, fait aussi bien que notre Premier ministre de l’ombre. Renzi veut faire tout ce qu’aucun gouvernement de droite n’a jamais osé faire auparavant. Il envisage notamment l’abolition de l’article 18 du Code du travail, qui offre une protection au travailleur en cas de licenciement. Cela fait longtemps déjà que les organisations d’employeurs italiens réclament cette « réforme » qui permettrait aux patrons de licencier en toute liberté et sans devoir motiver leur décision.

Les arguments employés par Renzi pour faire appliquer cette « réforme du marché du travail » ressemblent furieusement à ceux aujourd’hui avancés par la N-VA, l’Open Vld et le MR. Il est en effet question de « démanteler le système d’apartheid entre les personnes qui ont un emploi et les jeunes qui ont un statut précaire ». Au cours des 15 dernières années, les gouvernements de centre gauche ont mené toutes sortes de réformes qui ont donné naissance à une importante catégorie de travailleurs de second rang au travers de contrats temporaires, contrats de travail à temps partiel, contrats intérimaires… Les jeunes, surtout, sont contraints d’accepter ce genre d’emploi, car c’est souvent le seul moyen qu’ils ont de trouver du travail. En supprimant l’article 18 et donc en facilitant les licenciements, on prétend vouloir « encourager les patrons à créer des emplois ». Dans les faits, on assiste à une généralisation des emplois précaires.

Parmi les groupes particulièrement visés, on retrouve les agents de la fonction publique qui ont déjà été touchés par un gel des salaires et une baisse des effectifs.

Animé par la conviction libérale qu’il n’existe pas d’alternative, que les patrons sont les seuls à pouvoir réellement créer de l’emploi et que la seule façon de les pousser à créer de l’emploi c’est de leur faire des cadeaux et de leur accorder des privilèges, le Renzi « de gauche » adopte une attitude extrêmement arrogante et agressive vis-à-vis des travailleurs italiens et leurs syndicats. Trois jours après la manifestation qui a vu un million d’Italiens défiler dans les rues de Rome, Renzi a rendu visite à l’organisation patronale italienne Confindustria. Il a assuré aux entrepreneurs qu’il « ne reviendrait pas en arrière » et que « rien n’arrêterait » son parti. Le président de la Confindustria, Giorgio Squinzi, a remercié le Premier ministre très chaleureusement et lui a garanti qu’il avait « le soutien des entrepreneurs ».

Susanna Camusso, secrétaire générale du plus grand syndicat italien, CGIL, a réagi aux reproches de Renzi qui accuse les syndicats de diviser le pays en rétorquant qu’au contraire « c’est le Premier ministre lui-même qui divise le pays ». La CGIL appelle à une grève nationale de huit heures vendredi 5 décembre prochain, tant dans les secteurs publics que le secteur privé.

Lors de la manifestation du 14 novembre dernier à Rome, les manifestants ont lancé des œufs et des fumigènes contre les façades d’immeubles comme l’ambassade allemande et le ministère de l’Économie.

À Milan, Maurizo Landini, secrétaire général du syndicat des métallurgistes a déclaré : « Nous devons nous unir pour défendre nos droits et dire au gouvernement qu’il faut une autre politique, car nous allons droit dans le mur. »

Susanna Camusso : « Dans notre pays, le chômage ne cesse d’augmenter. Il n’existe pas de politique industrielle. Nous avons besoin d’investissements pour créer de l’emploi, nous ne pouvons confier aveuglément notre avenir aux patrons. »

22 novembre, Italie Renzi en visite à Cosenza. Accueilli avec enthousiasme

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