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« La vie des autres au Luxembourg » : quand le leader européen Juncker contribuait au fichage, à l’espionnage de ses compatriotes !

« La vie des autres au Luxembourg » : quand le leader européen Juncker contribuait au fichage, à l’espionnage de ses compatriotes !

 

Dis-moi qui te dirige, je te dirai qui tu es.Le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, traîne de sacrés boulets : non seulement « Luxleaks » et l’évasion fiscale couverte par l’Etat, mais aussi « les écoutes du SREL »

 

Le nouveau président de la Commission européenne, intronisé en novembre 2014, est « the right man at the right place », l’image de cette Europe en crise économique, politique, idéologique et morale, lui qui fut Premier ministre du Luxembourg de 1995 à 2013.

 

Il y a bien sûr « Luxleaks », ce scandale financier révélant que le fisc luxembourgeois a favorisé l’exil fiscal d’un millier d’entreprises, essentiellement européennes et américaines. L’évasion fiscale à grande échelle, au cœur de l’Europe.

 

Le plus grand scandale d’espionnage du XX ème siècle ?

 

C’est au Luxembourg que ça se passe !

 

Mais il y a aussi un des plus grands scandales d’espionnage de la fin du XX ème siècle. Imaginez un pays qui aurait littéralement fiché la quasi-totalité de sa population. Dans l’idéologie de la Guerre Froide, on pense « La vie des autres », STASI ou KGB.

 

Et bien non, il faut penser SREL, le Service de renseignement de l’Etat du Luxembourg.

 

Le scandale est sorti en novembre 2012 dans le journal D’Letzebuerger Land, où il est révélé que l’ex-directeur du SREL se serait entretenu avec le Premier Ministre Juncker en 2007, évoquant l’existence dans les années 1980 et 1990 de 300 000 fiches sur des citoyens luxembourgeois, dans un pays qui comptait alors 400 000 habitants.

 

La Commission d’enquête du Parlement donne un rapport de 144 pages aux conclusions édifiantes.

 

Sous prétexte d’anti-terrorisme, de lutte contre le communisme, le SREL a d’abord fiché la plupart de ses citoyens. Ensuite, les écoutes illégales, les missions hors renseignement se sont multipliées, pour des intérêts politiques et économiques privés, loin de la Raison d’Etat.

 

18 attentats montés par les services secrets pour justifier l’espionnage de masse

 

Concrètement, ce fichage et cet espionnage de masse se serait développé dans les années 1980. 18 attentats touchent le Grand-Duché du Luxembourg entre 1984 et 1986, identifiés alors aux groupes gauchistes, installant un climat de terreur.

 

Le SREL a utilisé ce prétexte pour ficher, espionner les membres et dirigeants du Parti communiste, l’Ambassade soviétique, puis les Verts, enfin les politiciens de tous les partis, ainsi que des citoyens aux implications diverses : du militant associatif à l’homme d’affaires.

 

En février 2013, a été ouvert un procès mettant en accusation deux membres de la « Brigade mobile » de la Gendarmerie, une unité d’élite. Ils sont accusés d’avoir participé voire orchestré les attentats dans une « stratégie de la terreur » commanditée en plus haut lieu.

 

Les avocats des deux gendarmes ont évoqué la thèse politique de la déstabilisation, pointant du doigt l’implication des cellules « stay-behind », ces réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN, animés par les services secrets de chaque pays, destinés à empêcher toute prise de pouvoir par les communistes.

 

Potentiellement responsable, au courant, Juncker qui fut au gouvernement de 1982 à 2013, botte en touche, renvoyant la patate chaude à son prédecesseur comme chef du gouvernment de 1984 à 1985, Jacques Santer, qui fut aussi président de la Commission européenne.

 

Mais alors, Juncker peut-il se laver les mains de ce scandale d’ampleur européenne ?

 

Juncker savait « les agissements du SREL, comme police secrète »

 

Pas du tout. C’est ce que révèle le rapport parlementaire. Le SREL a continué sa sale besogne après la fin de la Guerre froide. Selon le rapport, « les agissements du SREL sont dignes d’une structure de police secrète ».

 

Le dérapage a atteint des proportions colossales dans les années 2000, cette fois dans le type de missions prises en charge par le service, ce que révèle un entretien entre Marco Mille et Jean-Claude Juncker en 2007, enregistré clandestinement par Mille.

 

Si Mille évoque la destruction des 300 000 fiches mentionnées, il serait resté en 2012 13 000 fiches sur des entreprises, personnes, associations, et au minimum 17 000 personnes auraient été victimes d’écoutes illégales.Cela reste 5 % du pays sur écoute, une personne sur 20 !

 

Le SREL serait devenu un Etat dans l’Etat, une vaste entreprise soumise à des intérêts particuliers, quasi-mafieux.Jouissant d’une grande autonomie, ses agissements étaient connus et couverts par le Premier Ministre Juncker.

 

Des services secrets au service … d’oligarques russes, de dictateurs africains et de trafics mafieux luxembourgeois !

 

Le rapport évoque en 2007 une mission contre-terroriste, façade pour une mission de complaisance envers un oligarque russe qui souhaitait régler un différend commercial, en échange d’une commission de 10 % de commission.

 

Juncker arrêtera finalement la mission, sans prendre aucune sanction. Les missions à l’étranger de ce type se seraient multipliées sous la direction de Marco Mille, devenu depuis responsable du pôle de sécurité du groupe privé allemand Siemens.

 

De même, en 2006, est connue l’existence d’un compte secret de 150 millions de $ de l’ex-président congolais Pascal Lissouba, avec la complaisance du SREL.

 

On pourrait citer aussi le business des agents du SREL, habitués à acheter des grosses berlines allemandes à un prix réduit de 30 % avant de les revendre, faisant des profits substantiels.

 

L’espionnage n’a épargné personne, ni même les Grands du Duché. Le SREL a surveillé le Procureur général de l’Etat, que le service essayait de tremper dans des affaires de pédophilie. Mille a aussi révélé à Juncker sa mise sur écoute du chef de l’Etat, le Grand-duc Henri, soupçonné de collusion avec les services d’espionnage britanniques !

 

Selon le rapport parlementaire, le SREL aurait connu des dysfonctionnements graves entre 2004 et 2009, menaçant les fondements de la démocratie luxembourgeoise. Le Premier Ministre Juncker, légalement responsable du contrôle de l’institution, aurait failli à réguler, stopper, sanctionner ces dérives. Il les aurait même couvertes.

 

La complicité de Juncker à cette police secrète anti-démocratique

 

Une partie de la conversation entre Marco Mille et Jean-Claude Juncker, mérite même d’être citée extensivement. Elle date du 31 janvier 2007, les deux échangent sur l’impact que pourraient avoir les rumeurs d’écoutes illégales sur l’opinion publique

 

MILLE : « On est à la merci de ces gens qui disent que les services secrets font ce qui leur plaît, qui sont au-dessus du Premier Ministre, du Grand-duc, et dieu sait qui. Cela compte ».

 

JUNCKER : « L’espionnage politique, on ne fait plus cela de toute façon. Mais cela a été énorme dans le passé… »

 

MILLE : « Oui, avant 1990, pendant la Guerre Froide. Bien, il y avait les services de renseignements, ils surveillaient l’Ambassade soviétique, le Parti communiste, et au début, les Verts »

 

JUNCKER : « Mais il n’y a avait pas de raison, à mon avis, enfin pour les Verts ».

 

MILLE : « Et même dans la façon dont les gens pensaient à l’époque (…) Toute personne qui n’était pas conservatrice était considérée comme une menace pour l’Etat. Nous avons 300 000 fiches dans la base de données ».

 

Juncker n’est pas innocent. Le Procureur d’Etat Robert Biever raconte comment il a appris qu’il était sur écoute – pour allégations de « pédophilie » et « homosexualité » (sic) dans la communauté d’Esch – et il l’a appris par Juncker.

 

Juncker aurait lancé à Biever un jour, sous la forme d’une boutade : « J’ai entendu dire que tu avais ton petit bordel à Esch ». Biever raconte alors qu’il fut incapable de répondre le mot qui lui venait alors en tête : « Crétin ».

 

Comment a-t-on pu soutenir un tel personnage à la tête de l’Europe ?

 

Juncker a été contraint à démissionner en 2013 par l’ampleur d’un scandale d’Etat, sans comparaison en Europe. Il a pu rapidement trouver une voie de sortie honorable : la présidence de la Commission européenne.

 

Juncker a bénéficié – pour un personnage avec un tel parfum de scandale, entre évasion fiscale et espionnage de masse – d’un remarquable consensus de la part des médias, politiciens dominants, comme des milieux d’affaires, ce qui est moins surprenant.

 

Outre Daniel Cohn-Bendit, l’ « opposant officiel de sa Majesté », Alexis Tsipras, a cru bon de se rallier au panache (plus très) blanc de Juncker, en appelant à forger une majorité assurant un consensus européen derrière l’ex-Premier Ministre luxembourgeois.

 

Pour nous, Juncker incarne cette Europe de la finance, du secret, de la combinaison politicienne, intimement liée à l’OTAN, au FMI, aux multi-nationales, forgée dans l’anti-communisme, la guerre contre les peuples, le contournement de la démocratie : rompre avec cette Europe-là, ne donner aucune légitimité à sa tête, c’est indispensable.

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