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Port du Pirée : lutte acharnée pour la dignité ouvrière

28 juillet 2014

 

Imaginez un seul moment un pays de l’Union Européenne où les ouvriers n’ont pas le droit de grève et même quand ils osent s’organiser un minimum pour défendre leurs droits économiques et sociaux, le gouvernement leur envoie les CRS. Pas possible non ? Ce n’est pas le Cambodge non plus !

Hélas c’est n’est pas un simple schéma rhétorique. C’est justement ce qui vient d’arriver dans le port de Pirée, à Athènes, il y a une dizaine de jours.

Depuis plus de deux ans le géant étatique chinois, COSCO, a acheté une grande partie du port commercial du Pirée en important en même temps les mêmes conditions de travail que celles qui prévalent dans les relations de travail des zones d’exportation franche chinoises ; c’est-à-dire une absence totale d’organisation ouvrière, des conditions de sécurité déplorable et un climat constant d’intimidation des ouvriers qui osent se plaindre.

La grève sauvage lancée par les ouvriers portuaires a commencé le vendredi 18 juillet. Les ouvriers de l’équipe du soir ont bloqué l’entrée à l’équipe du matin tout en déposant à la direction une liste de revendications sur les conditions de travail qu’étaient décidées en commun par les ouvriers de COSCO. Immédiatement les ouvriers ont décidé, sous forme d’un conseil ouvrier informel, de continuer leur mobilisation jusqu’au lundi et de procéder à la création d’un syndicat ouvrier.

Les conditions de travail lamentables dans le port étaient connues depuis longtemps par des reportages de la presse grecque mais le gouvernement ne souhaite pas chagriner ses nouveaux amis chinois. Ainsi l’après-midi même de la mobilisation ouvrière dans le port du Pirée le gouvernement Samaras a envoyé les « unités de restitution de l’ordre publique », les infâmes unités « MAT », l’analogue des CRS françaises.

Mais regardons de près les revendications de ces ouvriers insolents qui ont obligé le gouvernement à briser la léthargie de l’été et jugé opportun d’envoyer les forces de l’ordre au secours de COSCO.

La première chose que les ouvriers demandent est de pouvoir constituer un syndicat sur leur lieu de travail et de signer un accord collectif de travail. Parmi leurs revendications figure aussi le droit de pouvoir déclarer les accidents de travail qui jusqu’ici n’étaient pas déclarés ( ! ) : les blessées étaient transportés avec des véhicules privés.

Après des négociations farouches avec la compagnie filiale de COSCO, SEP SA les ouvriers ont pu obtenir des assurances écrites stipulant que :

  • Tout ouvrier certifié comme tel sera reconnu comme travailleur portuaire et sera inclus dans le régime des professions pénibles et insalubres. Pour ceux qui ne détiennent pas ce certificat ils suivront des cours jusqu’en septembre pour être aussi intégré dans le régime.
  • Les deux parties sont tombées d’accord sur une toute autre série des questions techniques sur la gestion du travail et notamment pour tout ce qui concerne les normes de sécurité pour les ouvriers.
  • Les ouvriers ont pu avoir l’assurance écrite d’un début de dialogue sur la création d’une convention collective de travail et aussi l’assurance qu’il n’y aura aucun licenciement d’ouvrier a cause de cette participation à la grève et aucune entrave aux efforts des ouvriers pour la création d’un syndicat.

Il s’agit, décidément, d’une très grande victoire pour les ouvriers de COSCO dans le port du Pirée. Grâce a leurs détermination mais aussi à la solidarité ouvrière et politique de Syriza, KKE et Antarsya, pendant que le quai de COSCO était assiégée par les forces d’ordre ils ont pu briser la terreur qui régnait dans les relations de travail.

L’affaire est loin d’être finie mais il est important de relayer le message que seulement via l’organisation massive des ouvrières nous sommes capables de contrecarrer la destruction des droits économiques et sociaux partout en Europe qui se fait au nom d’un libéralisme que ne profite qu’aux détenteurs des moyens des productions et pas à ceux qui au quotidien font travailler les moyens de production.

Ermal Bubullima

Pour suivre ces luttes au quotidien voir le site Initiatives

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